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Cinq raisons qui prouvent que le papier n’est pas mort (loin de là)

C’est une tarte à la crème qu’on entend depuis les débuts du web : la mort du papier ne serait qu’une question de temps, poussé dehors par le numérique, le haut débit et les smartphones. À l’heure où chacun peut faire tenir sa télé, sa radio, son journal et tous les livres du monde dans sa poche, le bon vieux papier a-t-il de l’avenir ? Oh oui. La preuve par cinq.

#1 Le web n’est pas plus écolo que le papier

C’était la grande promesse, c’est surtout la grande illusion. Dématérialisés, les supports numériques étaient réputés plus vertueux que l’imprimé. Accusé de gâcher du bois et de polluer la planète à grands renforts d’encres et de produits chimiques, le papier avait mauvaise presse. Sauf que… Non. Outre que la filière papier/impression s’est entièrement remis en cause, de la production au recyclage, le numérique est très loin d’être sans conséquences l’environnement – à lui seul, le numérique consomme 15 % de l’énergie mondiale… Quant à la pièce jointe que vous avez envoyée avec votre dernier mail, elle représente l’équivalent énergétique d’une ampoule allumée pendant 24 heures. Une heure de vidéo sur YouTube ? C’est la consommation d’un frigidaire pendant… un an.

 

#2 Tout le monde n’a pas Internet

Eh non. Si la part des habitants connectés progresse au cours des ans, deux Français sur dix n’ont toujours pas accès à l’information digitale en 2019 pour des raisons qui vont du coût du matériel ou de l’abonnement à l’existence des célèbres zones blanches, privées de réseau, même si celles-ci se réduisent. Et dans le monde, 46 % des êtres humains n’ont toujours pas accès au web.

 

#3 Le papier, c’est plus fiable

Ah ça, pour aller vite, le digital va vite – parfois un peu trop, comme en témoigne l’inquiétante progression des fake news et les scandales à répétition qui en découlent. S’il est hors de question de prétendre que la presse imprimée classique échappe au risque de diffuser de fausses nouvelles, le fait est que la rythmique propre à sa construction laisse plus de temps à ceux qui en rédigent les contenus pour croiser et vérifier leurs informations. La preuve ? La presse écrite reste considérée comme l’une des plus fiables par les Français (52 %), très, mais alors très loin devant le web (25 %).

 

#4 Le papier, ça fait vendre

On a souvent tendance à se tourner vers les États-Unis pour renifler les tendances qui ne devraient pas tarder à émerger sur le Vieux continent : une étude de 2018 pour FedEx est à cet égard instructive. Au-delà du fait qu’elle montre que 90 % des Américains estiment que nous aurons toujours besoin de papier, l’enquête montre que 85 % des consommateurs se disent plus susceptibles d’aller faire leurs courses chez un commerçant qui utilisent des supports imprimés. Et neuf personnes sur dix estiment que la qualité d’un print reflète la qualité des services de l’entreprise…

 

#5 Respirez-moi ça

On peut avoir beaucoup d’affection pour son smartphone mais il nous viendrait rarement à l’idée de lui renifler la coque. Contrairement aux supports dématérialisés, l’imprimé n’est pas qu’un vecteur de contenu, c’est aussi un objet qui a une odeur et un toucher particulier, d’autant qu’éditeurs et imprimeurs ont fait évoluer leurs produits pour aller vers une qualité de plus en plus souvent premium. Qu’on parle du plaisir de se salir les doigts en dépliant un journal, de palper les caractères en relief d’un roman ou de respirer l’odeur d’un livre tout neuf, il fait appel à quatre des cinq sens (le goût, on a cherché, mais on n’a pas trouvé le rapport). Et ce qu’on garde précieusement dans la bibliothèque en souvenir de la victoire en coupe du monde, ce n’est pas un onglet dans un navigateur quelconque, c’est bien L’Équipe.

 

Une conclusion ?

Le cas du papier ne fait qu’illustrer une vieille constatation : une nouvelle technologie « tue » rarement la précédente. Le papier a survécu à la télégraphie, au téléphone, à la radio, à la télévision, au minitel et fait mieux que résister au web, une « nouvelle » technologie qui n’a d’ailleurs pas remplacé grand-chose – il s’y est plutôt ajouté. En définitive, une seule chose est sûre : papier ou non, ce n’est pas tant le tuyau qui compte que ce qui circule dedans. En ligne, en ondes ou imprimé, c’est le contenu qui fait tout et il y aura des lecteurs pour les livres et les journaux tant qu’on y dira quelque chose. Alors laissez parler les p’tits papiers

Auteur


Jean-Christophe Piot

Jean-Christophe Piot

Consultant - Rédacteur partenaire